Image associéeTexte de la prédication de Colette Jeuch du 27 mars 2011.

Lecture : Lc 23.1- 25 (version NBS)

Aujourd’hui nous commençons une série proposée par notre pasteur, intitulée « Aube Nouvelle » et qui nous fait entrer dans un temps de préparation pour célébrer Pâques. Nous ouvrons cette série par le procès intenté contre Jésus et qui conduit à sa mort.

Des procès iniques, injustes qui sont des parodies de justice, l’histoire de l’humanité à travers les siècles en est remplie. Et aujourd’hui encore, combien de procès iniques de par le monde !! Citons, par exemple, les procès intentés contre les chrétiens dans les pays fermés à l’évangile. L’organisation Portes Ouvertes s’en fait régulièrement le fidèle rapporteur.

Notre Seigneur a lui aussi été victime de cette pratique, qui malheureusement côtoie trop souvent la Justice, mais bénissons Dieu pour tous les juges droits et intègres qui sont nombreux et font bien leur travail.

I) Lc 23. 1- 12 : Celui que l’on rejette ou méprise comme roi est bel et bien roi.

Nous avons là 3 catégories d’adversaires : les chefs – religieux et du peuple – Pilate et Hérode.

Et quelle est l’accusation retenue ? : Jésus se déclare roi.

  1. a) Les chefs :

Au v1, il est dit « ils se levèrent tous ensemble pour conduire Jésus devant Pilate».

Il s’agit des membres du Grand Conseil que l’on appelle aussi le Sanhédrin. En effet, les versets précédant notre texte nous apprennent que Jésus a d’abord comparu devant le Sanhédrin où il ne nie pas le fait d’être le Messie, ce qui implique se faire l’égal de Dieu. Il est alors accusé de blasphème contre Dieu et donc condamné à mort.

Ce Sanhédrin ou Grand Conseil est composé de 71 personnes. C’est un tribunal religieux qui travaille sous le contrôle des Romains qui occupent le pays. Mais il n’a pas le pouvoir d’exécuter une sentence de mort et, pour cela, il doit s’en remettre aux autorités romaines. C’est pourquoi nous retrouvons tous les membres du Grand Conseil devant Pilate, gouverneur romain, pour réclamer la mort de Jésus.

Là, ils modifient un peu l’accusation pour qu’elle soit recevable par Pilate. Ils laissent de côté l’accusation de blasphème et ils mettent en avant des accusations plus politiques : Jésus incite le peuple à la révolte, il empêche de payer l’impôt à César, et il se dit roi. C’est cette dernière qui sera retenue par Pilate et Hérode.

Les chefs qui accusent Jésus savent bien qu’ils présentent-là des faits déformés :

Oui, Jésus soulève les foules avec ses idées, mais il les attire avec un enseignement d’amour, de pardon, de retour à Dieu, de conversion du coeur. Jamais dans ses paroles, vous trouverez une incitation à la rébellion.

Oui, Jésus a parlé de l’impôt, mais pour dire « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Oui, Jésus sait qu’il est roi, mais il a toujours refusé le rôle de roi tel que le voulait la foule: après la multiplication des pains, il se retire, tout seul, pour éviter d’être proclamé roi par la foule qu’il vient de nourrir. Le jour des Rameaux, oui il accepte les acclamations de la foule, mais il ne marche pas sur le palais royal et le soir il retourne à Béthanie. À maintes reprises, il a dit que son royaume n’est pas de ce monde ; son « programme », c’est le sermon sur la montagne. Rien à voir avec le programme d’un homme politique.

Tout cela, les membres du sanhédrin le savent très bien. Les fausses accusations qu’ils portent contre Jésus montrent leur rejet de Jésus comme Christ, roi. Pourtant, Celui qu’ils rejettent est bel et bien ROI

Voyons la réaction de Pilate.

  1. b) Pilate

Imaginons la scène : 71 accusateurs agressifs et en face, Jésus avec peut-être un œil au beurre noir, les lèvres tuméfiées car, nous le savons, (22.63-65) Jésus a été tabassé, injurié, humilié. Pilate a donc devant lui un homme meurtri, fatigué par une nuit de mauvais traitements. D’où sa question pleine d’étonnement : « es-tu le roi des Juifs, toi ? ». Pilate en doute

Pilate n’imagine pas que ce Jésus puisse être effectivement ROI, il suit sa conception, son idée de ce que doit être un roi et donc, il ne voit pas en Jésus un danger pour César.

Mais en vieux loup politique, il comprend très vite ce qui anime et motive les accusateurs de Jésus et qu’il s’agit là d’une histoire entre Juifs ! D’où sa proposition d’une rencontre avec Hérode, roi des Juifs (le vrai pour Pilate ! ) et de plus Tétrarque de la Galilée d’où vient Jésus.

Toute l’attitude de Pilate montre qu’il doute de la Royauté de Jésus. Pourtant, Celui dont il doute est bel et bien ROI

  1. c) Hérode

Jésus comparait donc devant Hérode Antipas connu dans les Evangiles pour avoir fait emprisonner Jean-Baptiste et l’avoir ensuite fait décapiter à cause d’un serment stupide. Jésus l’avait traité de « renard » ce qui en dit long sur sa duplicité et sa cruauté.

Hérode est heureux de voir enfin ce fameux Jésus dont tout le monde parle car il espère le voir faire un miracle. Mais à toutes les questions qu’il lui pose, Jésus ne répond pas. Et Jésus ne répond pas plus, aux graves accusations des membres du Sanhédrin qui participent à cet interrogatoire.Notons qu’Hérode ne cède pas à la pression du Sanhédrin et ne se prononce pas sur la culpabilité Jésus.

Hérode réagit par le mépris et la moquerie, entraînant ses soldats dans la même attitude. Et vous avez là, la fameuse scène où l’on revêt Jésus d’un manteau magnifique pour simuler le manteau royal.

Hérode réagit avec mépris. Il renvoie Jésus en se moquant de lui en l’affublant d’un pseudo manteau royal. Pourtant, Celui qu’il méprise et renvoie est bel et bien ROI.

Aujourd’hui encore on retrouve chez nos contemporains ces trois attitudes à l’égard de Jésus : le rejet, le doute, le mépris.

Nous qui sommes ici ce matin, nous reconnaissons la royauté de Jésus sur ce monde, sur l’Eglise et sur nos vies. Cependant j’aimerais nous interpeller sur ce que cela implique lorsque nous proclamons la royauté de Jésus sur nos vies. Nous le chantons souvent…

Nous prions que son règne vienne en nous. Et si nous le prions, c’est parce que nous savons que ce n’est pas toujours le cas. Il nous arrive de tomber nous aussi dans ces travers à l’égard du Seigneur : le rejet, le doute, le mépris.

Le rejet : lorsque j’agis ou réagis en faisant le contraire de ce que dit mon Roi dans sa Parole n’est-ce pas là une forme de rejet de sa seigneurie ?

Lorsque j’érige ma science ou mes propres règles de vie, en norme des choses sans prendre la peine de les confronter vraiment à l’enseignement de Jésus, n’est-ce pas là encore une manière de le rejeter ?

Ou pire, lorsque je manipule la Parole pour la faire rentrer dans mes normes à moi, dans mes schémas de vie, … qui est le ROI, le Christ ou moi ?

– Le doute : il arrive que Jésus nous joue le tour de ne pas répondre à l’idée que l’on s’est fabriquée de lui et qu’il intervienne d’une manière différente de celle qu’on avait imaginée. Ne vous êtes vous jamais retrouvés devant un Seigneur déconcertant qui ne répond plus selon vos attentes?

Lorsque nous sommes bousculés dans notre logique, le doute nous assaille. Pour en sortir, il faut poser le bon postulat : Jésus est ROI et commencer à douter de nous-mêmes, du système que l’on s’est construit, … Si le doute nous conduit à plus d’humilité face à Dieu … AMEN, bénis soit ce doute-là ! Mais reconnaissons qu’il nous arrive de douter de Dieu, de douter de notre Roi.

– Le mépris : nous arrive-t-il de mépriser Dieu? Face aux silences de Dieu, face à toutes nos questions sans réponse, ne nous arrive-t-il pas de renvoyer Dieu dans son ciel, et de nous débrouiller tout seul sur la terre ? Ne sommes-nous pas tentés de dire que finalement Dieu n’est pas si puissant ou si bon que ça, et nous laisser habiter par une amère ironie sur Dieu. On n’est alors pas loin du mépris…

Ce petit constat sur nous-mêmes pour ne pas juger ceux qui ont jugé Jésus car finalement nous leur ressemblons un peu.

Voyons la suite et la fin tragique de ce procès

II) Lc 23.13-25 : Le juste est jugé coupable pour que les coupables soient considérés comme justes devant Dieu.

Pilate va tout tenter pour se sortir du piège où il est pris, car c’est sa peau qui est en jeu, sa place de gouverneur qu’il risque de perdre, s’il ne tue pas dans l’œuf l’émeute qui gronde.

Reconnaissons qu’il va vraiment essayer de sauver Jésus qu’il sait innocent. Pour cela il va affirmer son autorité (je vais le relâcher), et s’appuyer sur Hérode qui n’a pas condamné Jésus, mais rien n’y fait. Il va faire 2 autres tentatives sans succès.

Pilate ne sait pas, mais nous, lecteurs de l’évangile, nous savons que c’est le plan de Dieu qui s’accomplit ainsi.

Voyons les ressorts que Dieu laisse jouer pour permettre à ce plan de s’accomplir

Qui sont les accusateurs ? : les grands prêtres, les chefs dirigeants du peuple et le peuple. (v.13)

Qu’est-ce qui motive les prêtres et les chefs ? C’est la peur et la jalousie. Rappelez-vous ces petites phrases : « tout le peuple se pressait autour de Jésus », « une grande foule le suivait » et le jour des rameaux, les chefs se disent « vous voyez tout le monde le suit ». Oui, sa réputation leur fait de l’ombre. Ils se sentent menacés par Jésus qui sape leur influence sur le peuple. C’est leur existence même qui est en jeu, leur système de fonctionnement. D’où leur réaction et leur désir de se débarrasser de lui.

Qu’est-ce qui motive les cris de la foule ? C’est la bêtise, l’esprit grégaire. Elle suit bêtement les mots d’ordre de ses leaders, sans réfléchir. Elle oublie ce qu’elle a vu de ses yeux (les miracles) et entendu de ses oreilles (les merveilleuses paroles de Jésus) pour suivre aveuglément des slogans simplistes mais mortels.

Ce sont ces sentiments-là regroupés – peur et jalousie des uns, bêtise des autres – qui les font crier tous ensemble: « Crucifie-le! Crucifie-le ! »

Attention à ce que vous dites quand vous êtes dans une foule, dans une manif ; Vous avez le droit d’y être (et parfois le devoir quand il faut s’élever contre l’injustice), mais réfléchissez à ce qu’on vous fait crier ! ….

Qu’est-ce qui motive la décision de Pilate ? Dans notre histoire, Pilate est assez sympathique. Son doute sur la royauté de Jésus l’amène à voir clair sur les intentions des chefs des juifs. Mais douter de la Royauté du Christ c’est douter de la Vérité. Jean, dans son évangile, fait bien ressortir cela, avec cette petite phrase dans la bouche de Pilate à la fin de son entretien avec Jésus : « qu’est-ce que la vérité ? ». Face à la Vérité Révélée qui est là devant lui, Pilate doute. Et il se retrouve seul face à la menace d’émeute qui gronde et c’est la peur et la lâcheté qui l’emportent. Devant les cris du peuple, Pilate choisit de sauver sa peau plutôt que celle de Jésus l’innocent et le juste. Il le laisse être condamné

Ainsi, la peur, la jalousie, la bêtise, la lâcheté se combinent pour aboutir à cette condamnation, à ce refus de Jésus le Christ-ROI

Et ainsi se met en place le plan de salut de Dieu élaboré dès la fondation du monde : Le juste est jugé coupable, pour que Dieu considère les coupables que nous sommes, comme justes. C’est cela la Bonne Nouvelle, l’Evangile.

Il y a un instant nous avons pris le temps de voir que nous ne valons pas bien plus que les chefs, ou Pilate, ou Hérode. Et nous ne valons pas mieux que la foule.

Trop souvent nous gobons des jugements, des fausses affirmations sur Jésus (dans nos échanges avec nos collègues ou voisins, ce qui se dit à la télé, sur internet, ou même dans des églises !). Nous devons, examiner dans les Ecritures (la Bible), la pertinence des propos tenus sur Dieu par les uns et les autres.

Conclusion :

Jésus, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs accepte, en silence, d’être rejeté, mis en doute, méprisé et condamné injustement.

Et cela est arrivé, parce que Dieu l’avait ordonné. Jésus n’a pas subi son procès, il l’a enclenché lui-même. Ainsi le plan de Salut pour l’humanité est mis en marche. Ainsi une aube nouvelle se lève pour tous ceux qui acceptent de plier le genou devant Jésus ROI-Sauveur

Car, sur la croix, Jésus prend sur lui nos condamnations : nos rejets, nos doutes, nos mépris, nos jugements hâtifs. Il prend sur lui notre péché pour nous offrir son accueil, son pardon, sa grâce, sa justice, la Vie ; tout l’inverse de ce qui lui a été réservé à son procès.

Alors, acceptons sa royauté sur nos vies, vraiment.

Soyons pleins de reconnaissance envers notre Seigneur qui nous aime au prix de ce procès inique, de cette croix ignoble.

Temps de silence….

Prière : Tu es le ROI. Qu’il en soit ainsi dans nos vies. Que ton règne vienne dans nos cœurs. Tu en as payé le prix assez cher ! AMEN.