Basée sur une prédication donnée par David Boydell, lors du culte de baptêmes tenu en plein ai à Massy, dimanche 27 juin 2010

Photos par Henrik Lindell

Ce matin nous sommes rassemblés pour le culte. C’est ce que la plupart d’entre nous faisons tous les dimanches, mais ce dimanche il y a une différence : c’est un culte de baptêmes, culte où six personnes vont témoigner de la façon dont Dieu est intervenu dans leur vie et vont recevoir le baptême sur profession de leur foi.

Le baptême des croyants sur profession de foi est le seul baptême que nous pratiquons dans cette Église et dans la plupart des Églises évangéliques. Mais nous n’avons pas le monopole de cette forme du baptême : c’est le baptême des temps bibliques et c’est un mode de baptême qui est pratiqué dans toutes les Églises chrétiennes, y compris dans l’Église catholique, où de plus en plus de personnes sont baptisées comme croyants au lieu d’être baptisés à leur naissance. Ceux qui ont visité la cathédrale d’Évry auront remarqué son magnifique baptistère où des croyants peuvent être baptisés par immersion, comme ici.

Quelle est la signification du baptême dans le Nouveau Testament, et donc pour nous ? Pour être bref, nous ne prenons que quatre facettes de son sens :

1 : C’est un acte d’obéissance au commandement de Jésus

Avec la Sainte-Cène (ou la communion), qui rappelle la mort de Jésus pour nous, le baptême est une des deux ordonnances ou sacrements  que tous les chrétiens reconnaissent comme venant de Jésus lui-même.

Tout au début des évangiles, Jean-Baptiste, celui qui annonçait la venue du Christ, baptisait ceux qui reconnaissaient leur état de pécheurs et qui voulaient faire un nouveau commencement avec Dieu. Son message était simple : Marc nous dit qu’il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés (Marc 1.4), et il refusait même le baptême à ceux qui ne voyaient dans le baptême qu’un rite, et chez qui il n’y avait pas de changement intérieur (Mt 3.7-9). Jésus, qui n’avait pas besoin du baptême pour lui puisqu’il était sans péché, a été baptisé par Jean pour montrer qu’il prenait sur lui le fardeau de nos péchés.

Quand Jésus a commencé son ministère, il a repris les mots de Jean : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche (Mt 3.2, 4.17), et lui et ses disciples ont continué la pratique du baptême pour ceux qui acceptaient son message de repentance (Jean 4.1-2).

Et tout à la fin de sa vie sur terre, Jésus a laissé son mandat missionnaire aux disciples, donc à nous aussi : Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit … (Matt. 28.19-20a).

2 : C’est un signe d’humilité devant Dieu

La Bible est très claire quant à la signification du baptême, comme nous venons de voir. Ce n’est pas le baptême dans l’eau qui sauve, ceci n’est que le signe d’un changement spirituel, de la repentance, et d’une purification qui a déjà eu lieu chez le nouveau baptisé. Sans ce changement, le baptême n’a aucun sens.

Nous avons déjà vu cela dans la prédication de Jean-Baptiste et celle de Jésus : la repentance et l’accueil du pardon que Dieu nous offre précèdent le baptême. Les deux sacrements ont souvent été appelés « Les signes extérieurs de la grâce de Dieu. » Quand nous parlons aujourd’hui de signes extérieurs, nous sommes plus habitués aux « signes extérieurs de richesse ». J’en ai fait la preuve l’autre jour en cherchant cette description du baptême sur internet : je ne l’ai trouvé qu’après des douzaines de références aux signes extérieurs de richesse. Mais le baptême comme « signe extérieur » est aux antipodes de ces signes extérieures de richesse : Le baptême est plutôt un signe extérieur de notre extrême pauvreté et notre dépendance de la grâce de Dieu. Et l’apôtre Pierre a souligné cette même vérité au jour de la Pentecôte en réponse à ceux qui avaient été touchés par sa prédication : Repentez-vous, et que chacun soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés (Actes 2.38). En acceptant le baptême, nous nous reconnaissons pécheurs, nous reconnaissons que nous sommes incapables par nous-mêmes de plaire à Dieu. Toutes les bonnes oeuvres du monde ne suffiraient pas pour nous donner du mérite aux yeux de Dieu. L’apôtre Paul exprime cette vérité d’une autre façon : En effet, quand nous étions encore incapables de nous en sortir, le Christ est mort pour les pécheurs au moment fixé par Dieu. (Rom 5.6, BFC). Ceux qui seront baptisés aujourd’hui ont accepté cette vérité : ils ne peuvent se sauver eux-mêmes : ils comptent sur le sacrifice du Christ et ils acceptent humblement le pardon que Dieu offre par Jésus.

3 : C’est un signe de mort et de nouvelle vie

Nous utilisons ici une des images du Nouveau Testament, et en particulier celle de Paul en Rom 6. 3-4 :

Ignorez–vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ–Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.

Oui, le baptistère (ou la rivière, le lac, la piscine, qui servent de baptistère) est comparé dans un sens à un tombeau, comme le disait le théologien Karl Barth en parlant du baptême aux temps bibliques : « Ce baptême avait les traits d’une menace directe sur la vie – si les baptisés devaient rester sous l’eau, ils se noieraient ».

Et le baptême est le signe que les baptisés meurent à leur ancienne vie. Pour certains, ça peut être un changement si spectaculaire que ce n’est plus la même personne. Pour d’autres, il ne semble pas y avoir une différence dramatique, vue de l’extérieur – mais pour tous, c’est quand même un chagement radical ; c’est la mort à la vie vécue pour soi, à une vie égoïste, et le commencement d’une nouvelle direction dans la vie, qui est désormais vécue pour Christ. C’est un renversement radical de notre sens de valeurs.

Mais rassurez-vous – nous ne croyons pas que ces baptisés vont devenir des « super-héros » et de « super-héroïnes » de la foi. Mourir à son passé est un événement qui commence à un moment particulier, mais c’est aussi une lutte qui dure toute la vie, puisque le tentateur est toujours là.

C’est une mort : mais c’est aussi une nouvelle vie. Nous savons que nous ressusciterons avec le Christ après la mort, mais la vie de résurrection commence tout de suite par une vie renouvelée sur la terre. Et pour cela, nous avons besoin de la présence du Saint-Esprit dans notre vie, ce qui nous amène à notre quatrième et dernier point :

4 : C’est le signe de notre admission dans l’Église universelle

Lors de la première pentecôte chrétienne, à Jérusalem, Pierre a prêché aux foules. Et nous lisons ceci : Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; en ce jour-là, furent ajoutés environ trois mille âmes … et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. (Actes 2.41,47). Oui, il est clair que loin d’être une fin en soi, le baptême n’était que le début d’une vie passée en communion avec Dieu et avec d’autres chrétiens. Pour certains de ceux qui seront baptisés aujourd’hui, c’est déjà un fait qu’ils font partie de la communauté de l’Église, et ils participent déjà à cette vie par leur présence au culte, et dans un groupe de maison. Pour d’autres, cette vie commence.

Oui, le baptême signifie que nous sommes unis au Christ et à Son Église.

Ces premiers baptisés persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. (Actes 2.42) Les baptisés sont appelés donc à cette vie communautaire, et aussi dans leur vie de tous les jours à une vie de prière et d’étude de la Parole de Dieu (dont l’enseignement des apôtres fait partie) : c’est pourquoi nous allons offrir à chacun des baptisés de ce matin un livret qui les aidera à lire l’évangile selon Marc dans les trois mois qui viennent, un passage par jour, pour qu’ils prennent l’habitude (si ce n’est pas déjà le cas) de se nourrir chaque jour de la Parole de Dieu et qu’ils cultivent une vie de prière qui les nourrira chaque jour. La Parole écrite de Dieu est souvent comparée à de la nourriture qui permet de vivre et de se développer comme chrétien. Ne pas se nourrir, c’est mourir lentement. Et surtout elle nous aide à rester attachés au Christ, la Parole de Dieu incarnée.

Nous avons beaucoup parlé de ceux qui seront baptisés. Mais maintenant, en conclusion, je voudrais m’adresser à tous ceux qui sont là ce matin et qui n’ont pas encore fait ce pas, que vous ayez grandi dans l’Église depuis tout petit, que vous fréquentiez l’Église depuis un certain temps, ou que vous soyez là pour la toute première fois aujourd’hui.

Écoutez bien les témoignages des baptisés, et sachez que beaucoup d’autres ici peuvent rendre ce témoignage, ceux qui suivent le Christ et qui ont été baptisés dans le passé – pour certains, il y a 20 ou 30 ans, et pour d’autres il y a plus de 50 ans. Dieu veut vous donner cette nouvelle vie aussi, et si vous êtes touché par ce que vous entendez et ce que vous voyez, je vous encourage à en parler au pasteur ou à un autre des responsables de l’Église, ou tout simplement à un chrétien que vous connaissez. Cette offre d’une vie nouvelle, d’un nouveau départ, est adressée à vous aussi. Si vous voulez savoir plus sur la vie chrétienne, le pasteur peut vous rencontrer, ou bien plus tard dans l’année vous pourrez vous inscrire à un « parcours » spécial qui s’appelle le Parcours Alpha , où autour d’une série de repas, vous écouterez des exposés expliquant la base de la foi chrétienne et vous pourrez poser toutes vos questions et même faire entendre vos objections. Mais surtout ne remettez pas à plus tard votre recherche de Dieu, car il vous aime et veut transformer votre vie aussi.

Voir aussi Mc 16.15-16.

Cité dans LHERMENAULT Étienne et al, Les Églises baptistes, un protestantisme alternatif , Paris, 2009, Éditions empreinte, p 84.