Image associéePrédication de David Boydell donnée à Massy le 20 juillet 2014

Nous vivons dans un monde où nous côtoyons chaque jour des personnes qui ne partagent pas nos convictions chrétiennes, que ce soit des proches, des personnes que nous rencontrons au travail, aux magasins, dans la vie associative, ou tout simplement dans le bus ou dans le RER.

Mais il y a une question que je me pose parfois. La voici : comment suis-je différent en tant que chrétien ? Est-ce qu’il y a une différence dans mon comportement par rapport aux autres ? Est-ce que les autres voient une différence ? (Et si c’est le cas, j’espère que c’est une différence positive, bien sûr !)

Et c’est une question que je vous invite à vous poser ce matin aussi. Si vous êtes chrétien, en quoi votre vie est-elle différente de celles des personnes qui vous entourent ?

D.Boydell

D.Boydell

Avez-vous une vie plus morale, des principes d’honnêteté qui dépassent ceux des autres ? Je l’espère – mais nous connaissons tous des musulmans, des juifs, des agnostiques ou des athées qui mènent une vie qui semble irréprochable, et souvent leur vie nous interpelle ! Même si notre vie doit être irréprochable, ça ne peut donc pas être la grande différence entre nous et les autres.

Qu’est-ce qui nous distingue des autres donc ? Vous aurez peut-être déjà pensé à quelques réponses à cette question – de très bonnes réponses sans doute – mais au lieu de les donner à haute voix, nous allons lire un extrait d’un psaume qui ne dit pas tout, mais qui soulignera deux des marques du vrai chrétien, et nous allons voir une de ces marques en un peu plus de profondeur.

Lecture biblique :

Psaume 25:4-15
4 Eternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers!
5 Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi, car tu es le Dieu de mon salut : je m’attends à toi chaque jour.
6 Eternel, souviens-toi de ta compassion et de ta bonté, car elles sont éternelles!
7 Ne te souviens pas des fautes de ma jeunesse, de mes péchés! Souviens-toi de moi en fonction de ton amour,
à cause de ta bonté, Eternel!
8 L’Eternel est bon et droit, c’est pourquoi il montre aux pécheurs la voie à suivre.
9 Il conduit les humbles dans la justice, il leur enseigne sa voie.
10 Tous les sentiers de l’Eternel sont bonté et fidélité pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements.
11 C’est à cause de ton nom, Eternel, que tu pardonneras ma faute, car elle est grande.
12 Quel est l’homme qui craint l’Eternel? L’Eternel lui montre la voie qu’il doit choisir.
13 Son âme reposera dans le bonheur, et sa descendance héritera le pays.
14 L’Eternel confie ses secrets à ceux qui le craignent, il leur fait connaître son alliance.
15 Je tourne constamment les yeux vers l’Eternel, car il dégagera mes pieds du piège.

Il y a déjà une chose qui saute aux yeux, sans doute la réponse que la plupart allaient donner à ma question, nous le voyons aux versets 5 à 8 et 11:
tu es le Dieu de mon salut (v.5)
souviens-toi de ta compassion et de ta bonté (v.6)
Ne te souviens pas des fautes de ma jeunesse, de mes péchés (v.7)
Tu pardonneras ma faute, car elle est grande (v.11)

Notre salut ne dépend pas de nous mais de Dieu, comme beaucoup de nos chants nous le rappellent et comme la Cène nous le rappelle chaque mois. Comme le psalmiste, nous savons que nous sommes pécheurs, que sans « la compassion et la bonté » de Dieu (v.6) nous sommes perdus !

  • Cela peut être à cause des péchés de jeunesse qui nous hantent et dont David parle au v.7. Il pense peut-être à son adultère avec Bath-Schéba, même s’il n’était pas tout jeune à l’époque – il frisait la quarantaine – ou même à des péchés qui sont restés dans le secret de son cœur.
  • Cela peut aussi être à cause de notre péché actuel – par exemple, notre cœur froid qui est si peu enclin à donner à Dieu toute la place qu’il doit occuper dans notre vie. N’oublions pas que Jésus a dit que le premier commandement était quelque chose que David devait bien connaître, le Sch’ma Israël de Deutéronome 6 v.4-5 :
    Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un.
    Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.

Oui, avant même de faire le bien ou de ne pas faire le mal, ce qui est important est d’aimer Dieu. Le reste prend sa place après, y compris l’amour du prochain.

Quoi qu’il en soit, nous savons que même dans nos meilleurs moments nous ne méritons aucunement la grâce et le pardon que Dieu nous montre en Jésus-Christ. Et sans être un des sept « psaumes pénitentiels » énumérés d’abord par Augustin, ce Psaume 25 peut nous être d’une grande utilité quand nous avons besoin de l’aide de la Parole pour confesser notre péché.

Mais il y a un autre élément très présent dans ce psaume qui va prendre le reste de notre temps aujourd’hui, un autre aspect qui nous démarque de nos semblables et qui dépend de cette relation du pécheur pardonné avec son Dieu.

Vous aurez peut-être déjà remarqué que le psaume parle au moins 8 fois de la façon dont Dieu nous dirige :

4 Eternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers!
5 Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi
8 L’Eternel … montre aux pécheurs la voie à suivre.
9 Il conduit les humbles dans la justice, il leur enseigne sa voie.
12 Quel est l’homme qui craint l’Eternel? L’Eternel lui montre la voie qu’il doit choisir.
15 Je tourne constamment les yeux vers l’Eternel, car il dégagera mes pieds du piège.

Il est probable que David ait composé ce psaume quand tout semblait perdu, puisque dans d’autres versets que nous n’avons pas lus il parle de ses ennemis, même des “traîtres”, ceux qui l’ont trahi (v.3), et c’est cet incident qui lui rappelle son péché. Il avait été chassé de son royaume par la révolte de son fils Absalom, qui était une conséquence indirecte de son péché avec Bath-Schéba. David était rejeté par son fils et même par des gens qui lui devaient tout, il errait d’une ville à l’autre dans des régions désertiques (Le Psaume 63 parle sans doute aussi de cette période de sa vie). Mais il clame toujours sa foi en un Dieu qui l’avait conduit jusque-là et qui continuerait de le conduire.

Comme David, nous passons parfois par des périodes difficiles dans la vie où la vie ne semble pas avoir beaucoup de sens. Nous sommes peut-être tentés de trouver nos propres solutions à nos problèmes sans référence à Dieu. Mais Dieu nous invite à lui faire appel pour qu’il nous dirige.

Il y a d’autres occasions où nous nous trouvons devant des choix à prendre – le choix des études à suivre, le choix d’une profession, d’un époux ou une épouse, le choix d’une réorientation dans la vie. Nous avons l’impression que Dieu a un plan pour notre vie, mais comment le connaître ? Est-ce que Dieu nous dirige vraiment ?

Pour certains, ce serait plus facile de vivre au temps de l’Exode, où Dieu guidait son peuple par un nuage visible: Si la nuée s’arrêtait sur le tabernacle deux jours ou un mois, ou une année, les Israélites campaient et ne partaient pas ; et quand elle s’élevait, ils partaient. Ils campaient sur l’ordre de l’Éternel et ils partaient sur l’ordre de l’Éternel (Nombres 9:22-23).

Tout semblait si simple à leur époque ! Et pourtant, les choses étaient moins simples qu’il ne paraît – le signal était un signal général, mais pour éviter une ruée incontrôlable, Dieu avait dit à Moïse de donner des signaux plus détaillés au moyen de deux trompettes (Nombres 10:1ss). Il fallait interpréter et expliquer même ces signes très visibles. Et nous savons que le peuple avait du mal à faire confiance à Dieu malgré tout !

Pour revenir à notre psaume, les choses était loin d’être simples pour David aussi ! Malgré la promesse de Dieu d’affermir son règne pour toujours, il a dû s’enfuir devant son propre fils qui a arraché le pouvoir. Mais malgré toutes les déceptions, toutes les vicissitudes de sa vie, David n’avait pas de doute que le Seigneur allait le guider de nouveau. Et dans son psaume il donne quelques conditions pour connaître la volonté de Dieu :

Humilité – disponibilité – sérieux – communauté

1. La première, nous l’avons déjà vue : c’est l’humilité, se reconnaître pécheur, accepter le salut que Dieu donne, nous repentir sincèrement de tous les faux chemins que nous avons suivis dans le passé. Des faux chemins dus à notre ignorance peut-être, mais aussi à notre désir de suivre notre propre chemin. Oui, le v.5 dit que Dieu montre aux pécheurs la voie à suivre et le v.9 dit qu’il conduit les humbles dans la justice. Dieu ne conduit pas les orgueilleux, ceux qui pensent pouvoir se débrouiller tout seuls! L’humilité, la contrition, la dépendance de lui, sont des qualités incontournables avant de connaître la direction de Dieu dans notre vie. Tant que nous refusons de le reconnaître comme Celui qui nous a sauvés par sa grâce en Jésus-Christ, inutile de lui demander de nous conduire ! Oui, c’est vrai que par sa grâce, il agit dans les cœurs de ceux qui ne le connaissent pas – autrement nous ne serions jamais approchés de lui. Mais pour cheminer avec lui, il faut commencer à la case départ du pécheur qui doit tout à Dieu.

2. La deuxième condition, c’est la disponibilité, une recherche constante de la présence de Dieu et de sa direction : écoutez encore ce psaume :

5 je m’attends à toi chaque jour.
15 Je tourne constamment les yeux vers l’Eternel

Notez les mots “chaque jour”, et “constamment. Ce n’est pas seulement lors des grandes crises de la vie que David se tourne vers Dieu, même si c’est clair que les crises servent bien à l’envoyer à Dieu, comme c’est le cas pour nous aussi ! Non, c’est quotidiennement, au début ou à la fin de chaque journée (ou les deux) qu’il passe du temps avec Dieu, avec sa parole (d’autres psaumes, comme le psaume 119, insistent lourdement sur ce point aussi), pour lui soumettre les décisions à prendre, les mots qu’il va dire, pour lui demander de le diriger et pour placer sa vie entre les mains de Dieu. Et c’est dans la prière chaque jour et la lecture de la Parole de Dieu (beaucoup plus complète aujourd’hui qu’elle ne l’était au temps de David !) que Dieu va nous façonner et nous diriger par Son Esprit, nous révéler la volonté générale de Dieu pour notre vie. Si vous n’avez pas déjà pris cette habitude d’une vraie rencontre avec Dieu, l’été, et la rentrée qui le suit, est une bonne occasion pour commencer à lire la Parole chaque jour. Vous savez qu’il y a beaucoup de bonnes méthodes pour nous aider (voir le dépliant de la Ligue de la Lecture de la Bible, par exemple).

L’apôtre Paul était le premier grand missionnaire chrétien, un homme d’action qui avait une volonté de fer, mais son ministère public a commencé grâce à un groupe d’hommes dans l’Église d’Antioche qui priaient et qui jeûnaient, qui étaient disponibles à Dieu – et c’est dans ce temps de disponibilité que Dieu leur a révélé que Barnabas et Saul devaient être envoyés comme missionnaires (Actes 13:1-3).

3. Il y a une troisième condition : c’est le sérieux, le fait d’être cohérent, d’être prêt à suivre la direction que Dieu va nous montrer. Dieu ne va pas révéler sa volonté à quelqu’un qui demande par caprice !

Au v.10 nous lisons : Tous les sentiers de l’Eternel sont bonté et fidélité pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements. et aux v.12 et 14 la promesse d’être dirigée est donnée à ceux qui craignent Dieu, c’est-à-dire ceux qui vivent en communion avec lui dans une relation filiale de confiance. Oui, Dieu ne va pas révéler sa volonté à des personnes qui demandent par oisiveté. Il faut être prêts à le suivre !

4. La communauté. Vous aurez sans doute remarqué que ce psaume utilise parfois le singulier, parfois le pluriel.
Jusqu’au v.7 le psaume est très personnel, et David parle de sa propre expérience de pécheur pardonné qui fait confiance à Dieu et qui demande sa direction dans sa vie. Mais dans la partie centrale du psaume, les v.8 à 14, David parle surtout au pluriel, des pécheurs, des pauvres, de ceux qui craignent Dieu. Son expérience de la présence de Dieu est sans doute exemplaire, mais elle n’est pas unique. D’autres aussi peuvent connaître cette communion avec Dieu. Et même David n’a pas toujours cheminé seul – il a dû être rappelé à l’ordre, par exemple, par Nathan le prophète quand il avait bien dévié de la voie de Dieu, et le fait de pouvoir dire que l’Éternel le dirigeait vers des eaux paisibles et qu’il le conduisait sur les sentiers de la justice (Psaume 23:2-3) ne l’empêchait pas de s’entourer de conseillers sages. David n’est pas un illuminé qui dit toujours “Dieu m’a dit” sans écouter les autres !

Nous venons d’évoquer l’envoi en mission de Barnabas et Saul en Actes 13. Ils étaient peut-être les premiers surpris quand Dieu a convaincu le groupe qu’ils devaient partir comme missionnaires – mais le fait que Dieu avait convaincu sept personnes très différentes les unes des autres les a fait tout quitter et partir. Et c’est sans doute cet appel très clair qui les a soutenus même quand les choses n’allaient pas bien. C’est notre témoignage personnel aussi. Beaucoup d’entre vous savent que mon épouse et moi sommes venus à Massy il y a plus de 30 ans suite à l’appel d’un groupe de personnes à Paris. Et le Seigneur nous a donné du temps aussi pour être convaincus nous-mêmes que c’était sa volonté que nous venions. C’est cette conviction partagée qui nous a également encouragés quand les choses allaient mal, et qui nous a aussi appris une certaine humilité quand les choses allaient bien !

Mais peut-être que ces histoires de la façon dont Dieu nous dirige – dans le quotidien de notre vie comme dans les grandes décisions – vous semblent toujours un peu utopiques, pas très terre à terre. Il y a un autre incident que j’aime beaucoup dans la vie du grand apôtre Paul , et nous allons le lire pour le rappeler à nos souvenirs (Actes 16:6-10) :

6 Empêchés par le Saint-Esprit d’annoncer la parole dans l’Asie, ils traversèrent la Phrygie et le pays de Galatie.
7 Arrivés près de la Mysie, ils tentèrent d’aller en Bithynie ; mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas. 8 Ils franchirent alors la Mysie et descendirent à Troas.
9 Pendant la nuit Paul eut une vision : un Macédonien debout le suppliait en disant : Passe en Macédoine, viens à notre secours !
10 Après cette vision de Paul, nous avons aussitôt cherché à nous rendre en Macédoine, concluant que Dieu nous appelait à y annoncer l’Évangile
.

Et dans cet incident, nous voyons que ce n’était pas toujours clair pour Paul non plus. Paul et ses compagnons ont failli faire fausse route deux fois. Comment le Saint-Esprit les a-t-il convaincus de rebrousser chemin ? On ne sait pas, mais on peut penser à une porte qui leur avait été fermée, ou bien une conviction profonde qu’ils ont tous eue qu’ils s’étaient trompés. Et ici également, le sentiment était partagé. Et même si le grand Paul était le seul à avoir la vision du Macédonien, il n’a pas décidé tout seul de passer en Europe : le groupe, sans doute après un temps de discussion, a conclu que Dieu les dirigeait dans cette direction.

Et si nous sommes appelés à mettre notre vie entre les mains de  Dieu chaque jour par la lecture de la Parole et la prière, Dieu nous a aussi mis dans une communauté – son corps – pour que nous nous entraidions à discerner ensemble sa volonté pour nous individuellement et ensemble.

Nous le faisons bien sûr en nous rassemblant le dimanche au culte, en parlant ensemble autour d’un repas peut-être et en partageant nos expériences du Seigneur ainsi que nos interrogations. Nos groupes de quartier sont un autre moyen merveilleux de le faire. Nous prions ensemble dans un groupe de 6 à 12 personnes, nous cheminons ensemble, chaque semaine nous partageons nos besoins, nos joies et nos peines, nous cherchons ensemble à être dirigés par Dieu dans notre vie de tous les jours. Si vous ne faites pas encore partie d’un groupe de maison, essayez déjà de garder votre jeudi ou votre vendredi soir à partir de septembre.

Dieu nous dirige-t-il aujourd’hui ? Oui, même si parfois nous le voyons mieux après l’événement !
Mais il y a des conditions :

L’humilité – se reconnaître pécheur devant lui
La disponibilité – prendre le temps de l’écouter régulièrement
Le sérieux – être sérieux dans sa démarche
La communauté – en faisant partie de son corps, l’Église

Es-tu prêt à avancer avec lui ? Et sommes-nous prêts à le faire ensemble ?